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L'Agba News
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11 décembre 2006

Le rapt de la reine … ( suite et fin )

bee_2Comble de malchance, ma mère avait eu une très mauvaise journée. Si cette berbère au caractère bien trempé avait quelque chose en horreur, c’était bien le gaspillage et la dilapidation. Or, ce funeste jour, elle avait eu à déplorer la perte d’une trentaine de poussins, éclos d’une semaine à peine et promis à un avenir florissant de frarej et 3atougates.

Laïka, la chienne déjà mal-aimée pour son absence désespérante d’agressivité, n’avait ce jour-là fait qu’une bouchée des trente poussins dont Lhajja avait méticuleusement suivi la gestation sous le duvet douillet de deux poules, royalement installées pour l’occasion dans le confort d’un vieux réfrigérateur réformé.

Laïka, grande amatrice de gallinacés, de préférence tout frais, n’en était pas à son coup d’essai. Elle n’avait cependant jamais pu être mise en cause, jusqu’à ce que la finesse de son palais la perde. La malheureuse, si elle affectionnait particulièrement la chaire de poulet, était cependant très peu portée sur le goût de leurs viscères. Si toutes les autres fois elle avait eu l’instinct de consommer loin de sa  niche, cette fois-ci, probablement enhardie par une incroyable impunité, elle s’offrit le luxe de savourer tranquillement les délicieux poussins dans sa niche, abandonnant sur place restes de duvet et qchaoueche.

Dès qu’elle découvrit l’horreur, le sang berbère de ma mère ne fit qu’un tour. Elle chargea Ttir de lui ramener la coupable confirmée et de l’attacher à un arbre et partit chercher une branche de poirier bien longue et bien effilée.

« Ha, ya lbeghla dial lekraresse ? 3lach ma klitiche lgansa ? hein ? Kouli lgansa ya bent lehram!!! kouli !!!! » s’écriait-elle à mesure que  la tige de poirier fouettait l’air et s’abattait sur les flancs de la pauvre Laïka, qui débattait, criait, montrait les crocs. La facture de trente poussins beldiyine était plutôt salée, sans compter les arriérés de tous les coquelets et poulettes mystérieusement disparus depuis quelques semaines.

La pauvre chienne ne comprenait pas qu’on puisse lui demander, en joignant le geste à la parole, de poursuivre un festin pour lequel elle était sévèrement punie. Dans la logique courroucée de ma mère, l’abandon des qchaoueche là où s’égaillaient, le matin-même, trois dizaines de petites touffes brunâtres, était aussi grave que le larcin lui-même. Laïka, la gallinaçophile, une fois sa correction reçue, fut bannie, Ttir ayant été chargé de l’exiler dans un lointain douar.

Lhajja n’était donc pas dans les meilleures dispositions quand Annachra Assari3a lui fit son rapport cinq minutes à peine après nous avoir découverts meurtris dans la grange. La justice divine étant souvent prompte, l’oiseau de mauvaise augure, récolta sur le champ une claque pour avoir dérangé, par de si mauvaises nouvelles, le sommeil agité de ma mère. 

Nous avions, quant à nous, à peine eu le temps de quitter la grange et de nous composer une contenance, quand ma mère ouvrit la porte de la cuisine. « Malkoum ??? », « Abdellah ? Ach taddir Hna ? » , « ach ddakoum le nhel ? ouach hmaqitou ? ». Nous n’avions aucune réponse recevable à opposer à cette première salve de questions, mais nous savions par expérience que le plus important à ce moment-là était de cacher, quel qu’en soit le prix, les dégâts corporels que nous avait infligé l’ennemi. Aussi nous mettâmes-nous à cafouiller, bredouiller et emmêler l’esprit encore endormi de Lhajja dans une foule de détails ayant pour seul objectif d’occulter le chapitre piqûres.

Nous y réussîmes en partie, expliquant que la boite à outils semblait avoir le jour-même, accueilli une colonie d’abeilles, que Adballah avait découverte l’après-midi. Ce dernier, une fois rentré chez lui, s’était rappelé de la chose et était revenu m’en informer afin d’éviter tout accident. Nous étions donc allés vérifier sur place et avions essayé de recouvrir la ruche d’une nappe en plastique afin de la préserver contre un éventuel vol en attendant lendemain. Ce après quoi nous étions tranquillement rentrés à la maison. 

Lhajja à demi-convaincue nous sermonna quand même un bon quart d’heure pour notre kheffa, nous invitant à imaginer ce qui serait arrivé, si les abeilles nous avaient attaqués….  Elle nous interdit formellement de nous approcher de la zone sud, jusqu'à ce qu’un connaisseur vienne déplacer la ruche.

Nous nous esquivâmes heureux de nous en tirer à si bon compte. De passage devant la fenêtre de la cuisine, nous vîmes annachra assari3a en pleurs et, méchamment, en oubliâmes le feu des dards.

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Commentaires
I
heyyy, viens t'inscrire au blog/forum des blogueurs marocains,il vient d'être crée, et ça démarre déjà très bien, le lien est sur mon blog, suffit par la suite que Kb te refile l'invit, suis même pas foutue de te la refiler, ché pas comment faire..<br /> bisouilles, te ferai un com le soir, dès que ej finis le boulot<br /> bizzzzzzzzzzz
N
Voilà un post à remonter le moral et attaquer la semaine avec le sourire :)
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