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L'Agba News
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28 novembre 2006

Quinze mille balles le pet !

vache_petL’énorme vache, gonflée à bloc, gisant par terre, exhala péniblement deux soupirs, tendit ses membres dans un ultime effort et rendit l’âme sous nos regards impuissants. L’une des sept vaches laitières houlandiates, importées via l’office à grands frais, venait de passer de vie à trépas en un petit quart d’heure, infligeant à la ferme une perte sèche de quinze mille dirhams, sans compter le manque à gagner en centaines de litres de bon lait et en veaux et vachettes de race améliorée. Catastrophe !

Nous l’entourions, encore sous le choc, essayant de comprendre la cause de cette mort subite, quand arriva en courant Mohamed Leqraa, le voisin appelé à la rescousse un quart d’heure plus tôt.

« Ya latif, ya latif, lekhlifa 3la moulana ! koune 3a heleltouha be3da », se lamenta-t-il se tapant les mains l’une contre l’autre. Et d’expliquer qu’en cette période de l’année, poussait dans certains fourrés une herbe maudite, dont raffolaient les vaches mais qui avait la propriété de dégager tellement de gaz dans les estomacs et intestins des pauvres bovidés, que ces derniers, incapables de respirer, mourraient par asphyxie.

Mohamed Leqraa, qui se prévalait d’une longue expérience d’éleveur, détailla ce qu’il aurait fallu faire. «  Kan khasskoum teqbou liha hna bchi seffoute », précisa-t-il en posant un doigt expert sur un point précis du corps inerte, juste au dessus du flanc gauche, par où devaient sortir les gaz compressés. « Oulla cherrbou liha Tide, iyeeeehhh Tide dial tessbine, ha ou jriwe 3liha hetta tnefess !! », trancha-t-il.

Nous le regardions incrédules, ne nous imaginant nullement gaver de lessive des vaches d’import, dûment immatriculées, vaccinées et disposant même de carnets de santé. Nous creusâmes ensemble une fosse à l’autre bout de la ferme, tirâmes l’énorme dépouille par tracteur et recouvrâmes soigneusement de terre ce qui aurait dû être un investissement rentable.

Quelques jours après, alors que nous nous remettions à peine de ce coup dur, l’un des ouvriers déboula dans la cuisine, hors d’haleine, les yeux exorbités. « Wa lbegrate, wa lbegrate, wa tnefkhou !!! », cria-t-il.

Au diable le pedigree, le carnet de santé et toute la race des vétérinaires. Il fallait agir au plus vite. Nous n’hésitâmes pas une seconde. Quelqu’un versa une bonne moitié du paquet de Tide dans un sceau d’eau. Nous nous précipitâmes dans une cascade de bulles vers l’enclos, où nous trouvâmes, ahanant au bord de l’asphyxie, deux vaches aux ventres tendus comme des outres. Le sceau de lessive hyper concentrée fût partagé tant bien que mal entre les deux ruminants, que nous soulevâmes avec l’énergie du désespoir dans un concert de « Yallah, yallah …. Zid… Dfe3… Jer.. 3endak.. ». En moins de dix minutes, les deux vaches étaient gavées de Tide, mises sur pattes et poussées par six paires de bras affolés. 

« ha ou jriwe 3liha hetta tnefess … », avait soutenu Mohamed Laqraa. Nous appliquâmes sa recommandation à la lettre. On ouvrit l’enclos et chaque trio se chargea d’une vache. Nous courûmes tant que nous pûmes, les uns tirant, les autres poussant, encourageant la vache de cris, de claques, de coups de pied, l’oreille guettant le pet de délivrance qui valait quinze mille dirhams. Quand les deux trios se croisaient, chacun affairé avec son ruminant, ils s’encourageaient, le souffle court, « Yallah, yallah, matouaqfouche, jer … dfe3 … Zid zid zid … ».

La course a bien dû durer une demie heure, avant qu’une série de formidables pets, qui sonnaient à nos oreilles comme le clairon de la cavalerie, ne vienne annoncer la délivrance de notre vache. La brave bovidée gratifia même nos efforts d’une bonne dose de marmelade verdâtre, embaumant … nassim al hadiiq.  Presque au même moment les « Haaaaaa !!!!! » de l’autre trio nous confirmèrent que la deuxième vache était aussi tirée d’affaire.

Mohamed Laqraa, absent ce jour-là, vint le soir s’enquérir de notre mésaventure. Il recommanda, pas peu fier, « 3emmer Tide may khtakoum ! ». Nous suivîmes son conseil, mais nous nous gardâmes d’en toucher mot au vétérinaire.

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Commentaires
I
DNR et kika!!!!!!!, ben voyons, c la science fiction ça, dans le temps y vait pas d'ariel, y'avait juste, TId, bonix, saboune lkeff et l'ferraka...:))
D
Post à lire et à relire, merci, on en a rit jusqu'à en avoir une crise d'asthme.<br /> Mais 3lach Tide précisemmt? prquoi pas Omo Matic ou Ariel?
N
je suis tentée de chantonner là "ma3a tide lilghassil, mafich mousta7iiiiil" héhéhé
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